La corne de lapin(e)

Coucou Cornalin  

il y a beaucoup d'appelés, mais peu d'élus.
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Tout le reste de l'épisode est truculent aussi, j'adore ce truc

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Chercher l’illumination en se séparant du monde
Est aussi absurde que de chercher une corne de lapin.
La Vue Juste est nommée transcendance ;
Les vues erronées sont nommées mondaines.
Lorsque toutes les vues, juste ou erronée sont éliminées
Alors l’Éveil surgit.

Ces stances sont pour l’École Subite.
Aussi nommée Grand Véhicule du Dharma qui hisse sa voile à travers l’océan de l’existence.
Kalpa après Kalpa un homme naît prisonnier de l’illusion,
Mais une fois éclairé, il ne lui prend que quelques minutes pour atteindre la Bouddhéité.
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Spoiler:

cabale de jardin a écrit:

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Chercher l’illumination en se séparant du monde
Est aussi absurde que de chercher une corne de lapin.
La Vue Juste est nommée transcendance ;
Les vues erronées sont nommées mondaines.
Lorsque toutes les vues, juste ou erronée sont éliminées
Alors l’Éveil surgit.

Ces stances sont pour l’École Subite.
Aussi nommée Grand Véhicule du Dharma qui hisse sa voile à travers l’océan de l’existence.
Kalpa après Kalpa un homme naît prisonnier de l’illusion,
Mais une fois éclairé, il ne lui prend que quelques minutes pour atteindre la Bouddhéité.


Extrait du Soutra de l’Estrade énoncé par le Sixième patriarche Houei-neng
Sur le trésor de la Loi"

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Ce texte cité par Cabale est donc celui du 6ème patriarche, Hui-Neng ou Houei-neng. Il semblerait qu'il soit aussi appelé "soutra de l'Estrade".

L'article cité par Cabale a écrit:
Le Soutra de l’Estrade s’adresse plus particulièrement à :
« Ceux qui s’illuminent par eux-mêmes n’ont recours à nuls autres amis qu’eux-mêmes. Si vous partez loin de vous-mêmes à la recherche d’un ami dans le bien en espérant qu’il vous libérera, vous ne trouverez jamais rien, ni personne, car c’est en reconnaissant votre ami intérieur, votre propre esprit, que vous parviendrez à la libération. Dès que votre cœur s’égare dans les vues fausses, l’illusion pervertie tout : votre ami extérieur aurait-il quelque chose à vous communiquer que cela ne vous serait d’aucun secours. »
Page 64 du texte traduit par Patrick Carre
THE SUTRA OF HUI-NENG

Est-il donc "pratiqué" ou "étudié" par les différentes écoles Zen ?

Ne veut-il pas dire que si, ultimement, aucun "ami de Bien" ne peut faire le boulot à notre place, ce texte incite plus à se détacher des enseignements pour les pratiquer réellement qu'à ne pas rechercher, en aucune situation, les conseils d'un "ami de Bien" ?

En effet malgré la citation ressortie, le texte commence ainsi :

Le sutra de Houei-Neng a écrit:
Mes amis : la sagesse de l’illumination est inhérente à chacun de vous. C’est à cause de l’illusion de votre esprit que vous ne parvenez pas à le réaliser par vous-mêmes, et vous devez rechercher les conseils et la direction des illuminés avant de pouvoir reconnaître en vous la Nature de l’Esprit. Vous devriez savoir que tant que vous n’avez pas réalisez en vous-même la nature de Bouddha, il n’y a aucune différence entre un homme éclairé et un ignorant. La différence est entre celui qui le sait et l’autre qui l’ignore. Maintenant, laissez-moi vous parler de Maha Prajnaparamita, de sorte que chacun de vous puisse atteindre sa sagesse.

C'est un texte qui a l'air intéressant ; je le lirai plus dans le détail.

Merci pour le partage Cabale.

Autre passages intéressants :

"Amis dans le bien : ceux qui récitent le mot Prajna toute la journée ne semblent pas savoir que Prajna est inhérente à leur propre nature ; c’est comme de ne parler que des aliments, cela n’apaisera pas votre faim, et c’est exactement le cas avec ces personnes. Vous pourriez parler sur Sunyata (le vide) pour des myriades de kalpa, mais en parler seulement ne vous permettra pas de réaliser la Nature de l’Esprit, ce qui n’est d’aucune utilité."

[...]

"Amis dans le bien, l’ignorant en parle, le sage le met en pratique avec son esprit. Il y a aussi une catégorie de personnes stupides qui restent tranquillement assises en essayant de garder leur esprit vierge. Ils s’interdisent de ne penser à rien et se disent grands. En raison de leurs points de vue hérétiques nous ne pouvons guère parler avec eux."
--> ce passage est assez intéressant puisqu'il contient un conseil pratique concernant zazen, qu'on pourrait rapprocher de la non-pensée qui n'est pas "ne pas penser" mais plutôt "penser la non-pensée" chez maître Dôgen.

Ce dernier passage est intéressant, il décrit un travers assez répandu chez certains pratiquants.
Effectivement j'ai repotassé Houei Neng, et il insiste beaucoup sur une autonomie de l'investigation personnelle, que je trouve le zen soto efface derrière la relation au maître. Mais il ne rejette pas la relation au maître.
En fait ce qui compte c'est qu'il y ait relation. Avec soi-même par le travail intérieur, et à l'extérieur avec ses enseignants.

Pratiquer peut procurer une certaine joie simple, pas nécessairement extatique.

S'appuyer sur cette joie est nécessaire, et elle vient plutôt de soi, quoiqu'on puisse la trouver autrement, dans l'imitation, au moins au départ. Pour trouver ce qu'il y a en soi il faut parfois voir quelqu'un montrer ce qu'il a en lui. En ce sens, un enseignant montre comme on montre un geste à un enfant. L'enfant doit faire le geste ensuite, l'adapter ; le geste est "en lui" mais la transposition implique une adaptation. Ce n'est pas la même main. On peut apprendre à un enfant à faire ses lacets ; il faut qu'il comprenne qu'il doit utiliser ses propres mains pour nouer, et qu'après avoir observer les gestes de ses parents, il doit se détacher des mains de ses parents.

Faire de cette joie de la pratique une assise considérée comme n'étant pas "la réalité seule" est pour moi la pratique du "sans-appui". Une fois les gestes montrés, c'est à nous de les faire et de les refaire. De temps en temps, il peut être bon d'observer à nouveau les gestes de l'autre, pour voir si l'on ne s'est pas trop éloigné. Mais il faut aussi savoir qu'en raisons de particularités morphologiques, de tempérament, de caractère, le geste de l'autre ne peut pas être tout à fait "notre" geste. Même en cas de "clonage", il faudrait encore remplacer "la main vue" par "la main agissante".

Ceci étant une sorte de reformulation loufoque (et un peu critiquable, particulièrement sur la distinction des mains, je développe en éditant en-dessous un truc sur ce point) du soutra de l'Estrade.


EDIT :

Deux mains / Une main.

La main qui montre est déjà la main qui imite et pourtant il y a deux mains.
On a le koân : "quel est le son du claquement d'une seule main ?", il provient du fond propre d'Hakuïn, qui le considérait plus efficace que celui de "la nature du chien" comme premier koân.
Pour ce qui est de "retomber dans le langage et dans l'expression", puisque tout cela est "une main / deux mains", c'est aussi "un son / deux sons". La main de l'enfant est le prolongement de la main de l'adulte. Puisqu'il en est ainsi, nous n'avons pas besoin de donner des réponses compliquées : dire "la main de l'enfant" suffit. Rajouter sur cette main les corps d'apparition des trois bouddhas, c'est, lorsque ce n'est pas un moyen habile destiné à l'enseignement, rien d'autre qu'une façon de se la péter.

Ce passage, également tiré du lien partagé par Cabale, est marrant, et, pour reprendre les mots de SHim, "nous met une belle branlée" !

"Celui qui foule la voie authentique
Ne voit pas les erreurs du monde ;
Si nous trouvons à redire des autres
Nous sommes dans l’erreur."