無心 -- Mushin (l'esprit libre, vide, le non-esprit, la non-pensée)

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Question :

Qu'est-ce que « mushin»?


Réponse de Maître Deshimaru :

Mushin: non-pensée. Le professeur Suzuki a beaucoup écrit sur mushin. C'est « non-pensée », «inconsciemment», «mental sans pensée, non-pensée ». C'est l'essence du zen. Quand vous faites quelque chose, quand vous voulez quelque chose dans la vie courante; si vous le faites consciemment, vous n'êtes pas mushin. Si cela passe par la pensée, ce n'est pas zen. C'est pourquoi l'entraînement à la pratique par les muscles et le corps est très important. Pour parler aussi, c'est important. La plupart des gens parlent après que le cerveau en a donné l'ordre. Mais si vous devenez mushin, hishiryo, inconsciemment, vous pouvez le faire sans pensée.Par exemple, dans un mondo, si vous posez une question à un professeur, il doit penser avant de répondre. Mais le moine zen répond sans penser, inconsciemment. C'est pourquoi un mondo zen est important. Bien sûr, je pense à votre question, mais j'y réponds inconsciemment. Ce n'est pas possible dans l'éducation moderne et c'est pourquoi l'éducation zen s'avère si importante.Il en est de même pour l'action. Le cerveau pense et après on agit. Ce n'est pas mushin. Mushin, c'est le corps qui pense. Si vous comprenez cela, vous pouvez comprendre le zen. La plupart des histoires zen sont sur mushin. Sagesse et connaissance intellectuelle ne sont pas la même chose. Dans la vie quotidienne, dans les conversations, la plupart des gens répondent en pensant d'abord. Les gens très intelligents utilisent la Sagesse et ne pensent pas. Ils parlent et répondent par intuition. La connaissance est une chose différente. Avec l'habitude, on ne répond pas par le cerveau. Par zazen, on peut comprendre comment parler inconsciemment. Pendant zazen, votre cerveau de surface se repose et votre cerveau interne se développe et capte l'activité. Pendant le mondo, ma réponse vient du cerveau interne; l'activité vient du cerveau intérieur. Mon cerveau interne vous répond inconsciemment par mushin. C'est pourquoi un mondo zen est différent d'un examen oral à l'université. Parler par la connaissance n'est pas la Sagesse. Par une longue pratique de zazen, vous obtiendrez cela inconsciemment. De la Sagesse, non du savoir.Par exemple, pour les conférences, je dois préparer ce que je veux dire. D'abord du savoir.., et un peu de Sagesse. Mais dès que je me trouve en face de la salle, je parle inconsciemment et je ne me tiens pas toujours à ce que j'ai préparé. Je regarde les visages et je vois s'il faut que je change la conférence. Il n'y a plus de plan, cela sort de l'inconscient, et impressionne. Cela devient «teisho». La philosophie du bouddhisme et la philosophie du zen ne sont pas seulement faites de connaissances. Cela est vrai aussi pour les arts martiaux.Comment dois-je faire? Si je dois réfléchir à tout ce que je dois faire, l'action efficace devient impossible. Aussi est-il nécessaire d'être mushin, afin que le corps réagisse sans penser. C'est pourquoi, la pratique de zazen s'avère aussi utile pour les arts martiaux. Si l'on réfléchit trop, l'adversaire sera plus rapide.

Yudo, maître zen a écrit:Dans un composé de plusieurs caractères, on utilise généralement les on-yomi (c'est à dire les sons chinois). Donc mushin et non pas mu-kokoro.

tchamba a écrit:Je suis rarement d'accord avec Brad Warner mais je suis assez d'accord avec l'idée qu'il développait selon laquelle le zen des samouraï  nous semble déplaisant parce que nous sommes, en principe, protégé par la police, l'armée et un système judiciaire assez efficace. J'ai un collègue qui pratique un art martial et qui me disait que ce qui le retenait de ne pas casser la gueule à un autre de mes collègues c'est qu'il n'a pas envie d'avoir des problèmes avec la justice. Le zen vient d'un monde où il valait mieux savoir se défendre  pour éventuellement protéger les plus faibles (en l'absence d'un système judiciaire aussi efficace que le notre même si il est loin d'être parfait)
Néanmoins l'action juste et la parole juste se pose malgré tout en dehors de ce cadre y compris sur un forum.

cabale de jardin a écrit:Le teisho, c’est un enseignement du Dharma.
On dit que Myriam sœur de Moïse et Aaron était juste et a enseigné les Ecritures aux femmes, ce serait de là que l’on dit Main de Myriam, le symbole est  un oeil dans la main.
Parce que les Ecritures quand tu es illettré (ce qui était probablement fréquent à l’époque), c’est comme une calligraphie  chinoise ou japonaise, si tu ne parles pas la langue, cela ne veut rien dire à part des traits noirs sur une feuille.
Quand il dit  "Je regarde les visages et je vois s'il faut que je change la conférence", c’est son cœur qui s’accorde ("inconsciemment" comme il dit) à chaque coeur de ceux de la salle  et chacun comprend sa conférence, ce qui devient ainsi un "teisho".

cabale de jardin a écrit:Le teisho, c’est un enseignement du Dharma.
On dit que Myriam sœur de Moïse et Aaron était juste et a enseigné les Ecritures aux femmes, ce serait de là que l’on dit Main de Myriam, le symbole est  un oeil dans la main.
Parce que les Ecritures quand tu es illettré (ce qui était probablement fréquent à l’époque), c’est comme une calligraphie  chinoise ou japonaise, si tu ne parles pas la langue, cela ne veut rien dire à part des traits noirs sur une feuille.
Quand il dit  "Je regarde les visages et je vois s'il faut que je change la conférence", c’est son cœur qui s’accorde ("inconsciemment" comme il dit) à chaque coeur de ceux de la salle  et chacun comprend sa conférence, ce qui devient ainsi un "teisho".

Rem. a écrit:

Yudo, maître zen a écrit:Dans un composé de plusieurs caractères, on utilise généralement les on-yomi (c'est à dire les sons chinois). Donc mushin et non pas mu-kokoro.

Merci pour ces précisions ; j'ai modifié le titre pour utiliser l'appellation la plus conforme.

tchamba a écrit:Je suis rarement d'accord avec Brad Warner mais je suis assez d'accord avec l'idée qu'il développait selon laquelle le zen des samouraï  nous semble déplaisant parce que nous sommes, en principe, protégé par la police, l'armée et un système judiciaire assez efficace. J'ai un collègue qui pratique un art martial et qui me disait que ce qui le retenait de ne pas casser la gueule à un autre de mes collègues c'est qu'il n'a pas envie d'avoir des problèmes avec la justice. Le zen vient d'un monde où il valait mieux savoir se défendre  pour éventuellement protéger les plus faibles (en l'absence d'un système judiciaire aussi efficace que le notre même si il est loin d'être parfait)
Néanmoins l'action juste et la parole juste se pose malgré tout en dehors de ce cadre y compris sur un forum.

Je ne connais pas méga-bien, mais plusieurs choses m'interrogent :

1 - Les samouraïs n'étaient pas dans l'auto-défense mais dans la féodalité ; si je conçois assez bien la nécessité d'une auto-défense, la rigueur et l'honneur du samouraï sont liées surtout, me semble-t-il, à des impératifs d'obéissance face au seigneur. Pour le samouraï, il ne s'agit donc pas à proprement parler d'auto-défense, non ?

Lausm a écrit:.
Soit tu obeissais, soit tu devais te battre contre l'autorité, soit tu devais t'ouvrir le ventre.
Toute la période féodale du Japon, émaillée de guerres fratricides, de luttes intestines, de complots politiques et militaires, avec assassinats en tous genre, ne semble pas avoir été très créatrice d'équilibre social, loin s'en faut !

Yudo, maître zen a écrit:samurai veut dire très exactement "serviteur".
Mais très simplement, ce n'étaient pas des "policiers" mais bien des militaires.
Pour moi ça s'arrête là. Leur tentative, au cours des années '30-40 de supprimer le pouvoir civil pour s'en emparer a eu des résultats assez catastrophiques, il me semble. En particulier le copain de Deshimaru (il le mentionne dans son auto-biographie), le général Mazaki dont les subordonnés allèrent jusqu'à assasiner deux ministres en exercice et un ancien premier-ministre dans l'espoir de faire nommer leur chef au gouvernement.
Deshimaru dit bien ,d'ailleurs, qu'à un moment donné, il a dû choisir entre le zen et son amitié pour Mazaki.

Je répète que cette fascination pour les samourai me fatigue.

Rem. a écrit:L'histoire du coq de combat :

Elle a, semble-t-il, été racontée par Deshimaru. ...

Yudo, maître zen a écrit:samurai veut dire très exactement "serviteur".
Mais très simplement, ce n'étaient pas des "policiers" mais bien des militaires.
Pour moi ça s'arrête là. Leur tentative, au cours des années '30-40 de supprimer le pouvoir civil pour s'en emparer a eu des résultats assez catastrophiques, il me semble. En particulier le copain de Deshimaru (il le mentionne dans son auto-biographie), le général Mazaki dont les subordonnés allèrent jusqu'à assasiner deux ministres en exercice et un ancien premier-ministre dans l'espoir de faire nommer leur chef au gouvernement.
Deshimaru dit bien ,d'ailleurs, qu'à un moment donné, il a dû choisir entre le zen et son amitié pour Mazaki.

Je répète que cette fascination pour les samourai me fatigue.