Induire le détachement

Voici un sujet que je vous propose dont je dirais qu’il appartiendrait au premier tour de roue, ce qu’on pourrait résumer peut-être par : pratique en vue d’un résultat.
Le but comme l’indique le titre est d’induire le détachement. Si comme moi, vous avez des suggestions, allez-y, lâchez-vous.

Pratiques consistant à s’efforcer dans l’accomplissement d’une action psychique :

1/  Attraper l’attrapeur.

Si vous sentez qu’une force en vous telle une sorte de main est sans cesse en train d’essayer de s’agripper à vos pensées, vos émotions etc. efforcez-vous d’attraper cette main elle-même.

2/ Face à la source.
Placez-vous de sorte à anticiper l’arrivée des pensées, comme si vous étiez face à une source de laquelle ces dernières surgiraient.

3/ « Le rappel de soi » que j’emprunte à Gurdjieff consistera dans le fait de se rappeler de sa propre présence. Oubliez tout ce qui vous entoure et concentrez-vous sur la sensation de votre présence.

(Ces exercices n’auront de résultats que momentanément, aussi il peut être avantageux de les laisser de côté une fois pratiqués pour les reprendre plus tard. Leur intérêt est de vous mettre en contact avec votre nature intime. Plus ce contact sera fréquent mieux se sera.

Pratiques concrètes :

1- Les « ne pas faire » que j’emprunte à Castaneda. Ils consistent à briser les routines. Pour ce faire, toute action que vous n’aurez pas l’habitude de faire sera utile, exemple :
-Se laver les dents avec l’autre main.
-Marcher à reculons.
-Si vous avez tendance à conduire vite, conduire lentement.
Etc…

2-Durant zazen, percez le mur de votre regard, comme si vous vouliez passer au travers.
(Trivialement mais concrètement, les yeux sont un endroit du corps qui ont une mémoire. Peut-être avez-vous remarqué qu’il n’est pas si aisé durant zazen de les maintenir fermement accrochez sur un point fixe. Ceci est un indice que l’esprit part dans des rêveries et c’est ce que le relâchement des yeux a tendance à susciter.
Sachez aussi doser cet effort pour ne pas trop vous crisper.)

3-Autre exercice avec les yeux : Balayez votre champ de vision en ne demeurant qu’un très court instant sur chaque point sur lequel s’arrête votre regard, tout en essayant d'observer un maximum de détails à chaque fois.

J'ai effectivement une suggestion : juste zazen.

Je l'attendais exactement telle quelle celle là, ça n'a pas loupé.

Je me suis dit : celui qui voudra dénigrer mon initiative dira exactement cela.

C'est pas pour dénigrer, c'est bien que tu proposes des choses. Personnellement j'en reste à "juste zazen". Les techniques que tu proposes peuvent avoir leur intérêt, en complément de zazen ou sans. Chacun teste et trouve peu à peu sa pratique. Sauf ceux qui sont à 100% dans une tradition et qui suivent cette tradition avec profit ou attachement, c'est selon.

Le seul truc qui me gêne c'est de conseiller de "percer le mur" pendant zazen. Si quelqu'un fait ça, il ne fait plus vraiment zazen. Peut-être que c'est bien, mais ce n'est pas le zazen du bouddhisme zen.

J'ai fait une erreur, je n'aurais pas dû t'admonester.

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Aucun problème, la concision pouvait facilement se lire comme une sorte de critique.

Pour contribuer un peu plus : la pratique que je fais maintenant, hors-zazen, c'est simplement tenter d'étendre zazen peu à peu à la vie quotidienne, sans surjouer, mais y revenir naturellement quand j'en ressens le besoin. Y revenir se fait alors assez naturellement (il suffit d'y repenser) et cela implique pour moi trois "gestes" :

VISAGE - les yeux reviennent à la normale : ils se referment un peu, ce qui donne l'impression que le visage s'ouvre sur les côtés, vers l'extérieur à gauche et à droite, cela favorise aussi l'apparition d'un très léger sourire (les zygomatiques détendus forment un sourire, c'est marrant mais c'est de la biologie : en état de relâchement un léger sourire apparaît naturellement), le regard devient panoramique, peu focalisé, sauf si besoin.

EPAULES - elles se détendent naturellement, retombent un peu en s'ouvrant légèrement (elles repartent légèrement vers l'extérieur)

BASSIN / VENTRE - même mouvement global de légère ouverture, le bassin se décale un peu (je ne sais pas trop comment l'expliquer, une sorte de basculement interne, méga léger là encore) et favorise une respiration ventrale, plus ample.

Ces trois points amènent un état proche de zazen, mais c'est très subtil, rien de visible je pense pour une personne extérieure, et je trouve ça très efficace pour "étendre l'esprit de zazen". Cela se fait naturellement, j'ai observé par curiosité ce qu'il se passait pour l'écrire ici, mais ce n'est pas vraiment un "je vais plisser les yeux faire ci et ça", c'est juste la posture que prend mon corps quand je repense à l'état d'esprit de mon zazen dans la vie quotidienne. Je le fais uniquement quand j'en ressens le besoin, c'est-à-dire quand je me rends compte que je pars un peu en vrille (surexcitation, début d'anxiété etc.).

SHim a écrit:Je me suis dit : celui qui voudra dénigrer mon initiative dira exactement cela.

Pas de parano. !
C'est pas comme s'il était de coutumes de dénigrer sur les forums zen, surtout par les admins, ou par les modérateurs ou les animateurs.
Personne ne dénigre personne sur les forums zen ou bouddhistes.
MOI, JE vois plus d'intérêt à se détacher du détachement qu'à dénigrer ce qui n'a pas d'existence propre...

Se détacher du détachement, ça pourrait être ajouté dans la liste, @cabale aka @esprit du débutant.

N'écorche pas mon pseudo, STP, c'est cabale de jardin...
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Fair

p. 57 et 58 sur le détachement : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

@ SHim : Autant les "ne pas faire" induisent une action psychique lorsqu'il s'agit de faire le contraire de ses conditionnements, autant le "laisser faire", les rappel à soi et zazen sont des exercices à pratiquer dans un esprit de détachement et ne cherche aucun résultat autre que d'être présent à ce qui est, sans analyse, sans attente de résultat .

Je ne connais pas particulièrement Gurdjeff, mais par rappel à soi, je parle d'exercices qui consistent par exemple à écouter les bruits environnants pendant une minute sans chercher à les identifier où si je ressens des émotions perturbatrice, de me poser la question de "qui ressent" sans chercher à y répondre.
Ce sont des pratiques "de l'instant" qui permettent le détachement.

SHim a écrit:2-Durant zazen, percez le mur de votre regard, comme si vous vouliez passer au travers.
(Trivialement mais concrètement, les yeux sont un endroit du corps qui ont une mémoire. Peut-être avez-vous remarqué qu’il n’est pas si aisé durant zazen de les maintenir fermement accrochez sur un point fixe. Ceci est un indice que l’esprit part dans des rêveries et c’est ce que le relâchement des yeux a tendance à susciter.
Sachez aussi doser cet effort pour ne pas trop vous crisper.)

Je ne fixe pas un point du mur. C'est le contraire. J'écarte ma vision vers les deux périphéries et elle se centre naturellement.

Je rappel juste que ces exercices sont à considérer comme des expériences à tenter et que si je parle de résultats, c'est dans l'optique de l'attention à porter sur ce qui se passe lors de ces pratiques.

En fait tout ça me rappelle cette histoire du gars qui demandait à Krishnamurti comment arrêter de fumer, et Krishnamurti de lui répondre : "bah, arrêtez !"

Pas sûr cependant qu'on entendrait encore parler du Bouddha s'il avait traité le problème de la souffrance psychique en disant simplement "bah arrêtez de souffrir". Cela n'enlève rien au fait qu'une telle réponse laconique puisse dans certains cas s'avérer efficace, car va savoir ce qui au bout du compte sera susceptible de déclencher le déclic. D'où en réalité peut-être l'utilité d'un enseignement soutenu qui multipliera les chances que quelque chose dans son contenu puisse en venir à le provoquer.

Le Bouddha n'a jamais dit "arrêtez de souffrir". Il dirait de cesser les comportements qui induisent de la souffrance, d'où les préceptes.
On ne meurt pas de fumer une cigarette. On meurt d'être incapable d'arrêter d'en enchaîner une après l'autre.

Excellent, c'est tout à fait ça.

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