Mensonges et trahisons

Le mensonge, il faut peut-être y penser en rapport avec la vérité. Qu'est-ce que la vérité ? Sans vérité, comment penser le mensonge ?

Rien ne ment jamais. Celui qui ment dit une vérité ; on l'interprète peut-être mal. En étant sensible à la dimension performative du langage ou à sa dimension pragmatique, on peut comprendre la vérité du menteur ; il faut alors se demander : que veut la personne qui me parle ?

Ce qu'elle veut simplifie déjà le problème, car son mensonge ne peut que difficilement cacher "ce qu'elle veut", "ce qui l'anime."

En revenant à la source de la parole de l'autre, et en acceptant de ne pas rejeter un certain nombre d'hypothèses, assez rapidement on finit par identifier "ce que l'autre poursuit." Ce n'est jamais une unique chose, mais il y a quelques tendances. Ainsi on voit si l'autre a besoin d'un "faire-valoir" (il manque de confiance et veut en gagner), d'une "source d'informations" (il veut que vous lui appreniez quelque chose), d'un ou d'une "partenaire sexuelle" (il veut autre chose de vous, inutile de spécifier, vous m'avez compris) etc.

Ainsi dans les rapports humains, ce que l'autre semble rechercher est la vérité de sa parole même lorsqu'il ment, et son mensonge ne dévoile que plus son manque, sa tension vers quelque chose.

Dans le bouddhisme, le seul qui n'ait aucune raison de mentir (sauf cas de force majeure, type "j'ai planqué une personne juive dans ma cave et un nazi me demande s'il y a un juif chez moi") est celui qui cherche la connaissance. Non pas le pouvoir qu'elle pourrait donner, mais la connaissance, la vérité. Pour le bouddhiste, cette connaissance, cette vérité, est à trouver en soi, en comprenant sa "propre nature".

Merci pour ta réponse. Je me suis fait aussi ces réflexions, recherché l'attente (le manque) chez l'autre, mais il me semble que chercher l'intention, les motivations sème la confusion dans l'esprit parce qu'il est difficile de lire autrement qu'à travers ses propres filtres. Je trouve difficile de cerner l'attente de l'autre demande. Peut-être un manque de distance.

Plutôt que de chercher chez l'autre, j'ai cherché dans mon esprit à discerner la part factuelle et la part de subjectivité qui vient de nos interprétations, et cela aussi est source de confusion, à moins de ne plus être dans l'illusion.

"celui qui ment dit une vérité". Il existe certainement la vérité du mensonge, mais je suis pas sure que ça m'aide à y voir plus clair.

Je trouve que ce qui peut aider, et qui proviendrait du fond bouddhiste, c'est la non-saisie, qui n'est pas une absence de regard.

Avoir plusieurs hypothèses en même temps et n'en saisir aucune est ce qui donne le plus de chances de finir par voir émerge la plus réelle, la réalité même. Qui est souvent composée.

Oui, ce serait ne pas le saisir. Je vais aller voir du côté du non attachement.