"Le rien n'est un objet de pensée que si l'on n'y pense pas" Bergson

Klein sur le vide : rigoureux, scientifique. Une histoire des idées solide sur le vide vu par le versant occidental.

Trois citations tirées du "Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien" de Jankélévitch suivi d'une tentative de définition en termes de philo' occidentale de l'enjeu théorique du bouddhisme.

"Mais il faut noter que la tentation de l'apparence subsiste à chaque instant du processus infini d'apparition comme une inclination à l'inertie et à l'embourgeoisement. Bergson décrivait la fascination hypnotique que la forme réalisée exerce sur l'élan vital et qui oblige cet élan à tourbillonner sur place... Si l'apparition, semblable à cet amour infini dont parle Jean de la Croix, dépasse sans s'arrêter les apparence complaisantes et contentes qui voudraient habiter définitivement dans leur somptueuse demeure, elle ne s'identifie pas non plus plus à l'intuition instantanée et semelfactive du génie, intuition une fois allumée et à jamais éteinte : elle est plutôt de nature vibratoire, étant lumière continuellement et alternativement éteinte et rallumée ; le grand éclair génial disparaît dans la continuité d'un faible génie très dilué qui est le génie mineur du devenir." p. 32 - 33, Le je-ne-sais-quoi et le presque-rien, la manière et l'occasion.

"En fait, il n'y a pas un être avant, un être après, et un socle ou support de changement, mais c'est l'avènement-à-l'autre qui est la seule substance ; et l'autre lui-même n'est autre que secondairement et par la grâce de l'altération." p. 35

"Comme ces ombres légères qui n'apparaissent que dans le mouvement, l'être n'est un être que dans le changement qui lui fait quitter son être, en soi inexistant, pour un autre être qui ne sera pas moins inexistant." p. 36


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Le dualisme est posé dans le cadre pratique avec pour objectif de le dépasser. On passe par l'esprit de discrimination jusqu'à reconnaître "sa vraie nature" qui rend inutile et faux le dualisme qui reste pourtant quelque chose de vachement pratique et "réalisable". Mais le dualisme se réalise (on distingue corps et esprit, toi et moi, phénomène et essence etc) depuis le fond du non-dualisme (le non-né, le nirvana, la nature-de-Bouddha etc) dont on ne peut rien dire sans retomber illico dans le dualisme "aux oreilles de ceux qui auraient seulement la lecture dualiste".

Donc le problème du langage est posé du point de vue du "saut ontologique" que veut faire le bouddhisme depuis la manifestation de l'être vers l'être de cette manifestation. Le maître bouddhiste te dit "le cyprès dans le cours" pour que tu capte "cosmos, inter-dépendance, soi illusoire" car c'est exactement ce qu'est véritablement (en action, réellement) le cyprès dans la cours, et tout le monde comprend "bah oui l'arbre quoi et alors?".