La libération de l'ignorance selon Shankara

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"Principe divin par rapport à sa manifestation, mais à le connaître en lui-même, comme l’unique réalité."

Aussi bizarre que cela puisse paraître j'ai le sentiment que la non-dualité dans l'advaïta vedanta est un monisme qui confond unité et non-dualité.  

Soit le bouddhisme n'est pas non-dualiste pour tout mais seulement pour certains sujets bien spécifiques comme le corps et l'esprit, soit c'est un non-dualisme irréductible à une unité dans une logique pluraliste. Non-deux ça peut être trois, quatre ou l'infini non totalisante. .

Dôgen semblait envisager, au moins à un stade de son raisonnement, que l'on puisse considérer la totalité comme "one bright pearl", une perle brillante. Mais je ne dirai pas que c'est pour autant du monisme, car il me semble que l'inter-dépendance ne veut pas dire qu'il n'y a qu'un seul principe ultimement, qu'une seule "chose", mais plutôt que, sans qu'on puisse (ou doive) dire si c'est ultimement un ou multiple (ni un, ni deux), on constate (sans prendre trop de risques) que c'est au moins "relié".

C'est aussi lié à l'aspect très très pragmatique du bouddhisme ancien : "j'enseigne uniquement ce qui peut vous permettre de vaincre la souffrance." avec l'image des feuilles dans la main (les connaissances que le bouddha historique a enseignées) et celles dans les arbres de la forêt (les connaissances que le bouddha auraient mais qu'il ne cherchait pas à transmettre), ou encore l'image de la flèche : "retire-toi cette putain de flèche de la cuisse avant de vouloir savoir qui a tiré, en quelle bois elle est faite, etc."

En cela le bouddhisme ne semble pas vraiment être une métaphysique, même si rien n'empêche d'en faire à partir des concepts bouddhistes. Et je crois donc que dans cette direction, Dôgen cherche moins à exprimer une vérité métaphysique ou philosophique qu'une posture à avoir pour "bien vivre en atteignant ou plutôt en réalisant notre nature-de-bouddha" ; ce qui l'amène dans le Shobogenzo à envisager différentes approches parfois contradictoires en apparence mais qui posent le fait que l'on doit vivre et exister en plein dans l'indifférenciation. Je ne suis pas certain de ce point, mais il me semble que souvent ses raisonnements visent plus souvent à détruire le raisonnement habituel qui permettrait d'avoir une "connaissance" pour au contraire ouvrir tout ça en dirigeant vers une action intuitive issue du parcours mené à son terme prouvant l'échec de la logique purement rationaliste.

A l'inverse, je suis assez frappé par cet article vulgarisant l'approche de Shankara. La métaphysique indienne / hindoue est ici optimiste. Le syllogisme semble pouvoir donner accès à une connaissance, et on peut ensuite s'y tenir. Tout est Brahman, je peux rejoindre le grand Moi qui est Brahman se réalisant en tant que tel etc... Une foi positiviste pouvant nommer et s'appuyant sur les noms et formes. VERSUS du côté bouddhiste (zen en tout cas ?) --> une foi informelle ne séparant pas la forme (le nom) de la chose au point d'annuler la transcendance "renversée" toujours dans l'immanence.

Mais bon, là je parle de la flèche que j'ai toujours dans la cuisse. C'est amusant, mais sûrement moins efficace que zazen pour progresser dans "notre" voie. J'y retourne donc.



[en cherchant quelques éléments de réponses, je suis tombé sur cet article, qui me fait beaucoup rire, on y découvre que Dôgen est un philosophe chinois à la vie et à la pensée d'une grande simplicitié... "Dogen was a Buddhist and Zen Master whose simplicity of life and thought contrasts sharply with that of the Chinese Confucian and literary giant Han Yu (768-824 CE) who rejected Buddhism as a disruptive influence" : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]  ]